Journée de repos aujourd'hui. Malgré l'avis de la plupart des gens, c'est le genre de journées qui m'agacent. A quoi bon ne rien faire ? On s'ennuie, on traîne et c'est insupportable. C'est vrai que dans mon cas, c'est assez différent étant donné que je n'ai pas le même métier que tout le monde. On ne peut pas appeler ça journée de repos, c'est juste une journée où aucune mission ne m'a été confié. Enfin, au moins pendant ce temps, je pourrais en profiter pour m'entraîner. C'était la base pour devenir un bon agent. Aujourd'hui, c'était entraînement physique. Seulement vêtu d'un pantalon, je m'étais mis à soulever des gros poids, à faire des tractions, des sauts de barre et tout le quotidien habituel de mes entraînements. Rien de tel pour me sentir au top, pour me sentir prêt quand le moment viendra. J'ai déjà été pris au dépourvu une fois, plus question que ça arrive encore une fois. Plus question de souffrir autant. Même si cette fois là m'avait au moins permis d'y voir plus clair. De me rendre compte de qui était mon véritable ennemi. Le fait est que maintenant, j'avais passé plus de temps chez eux que chez mes véritables alliés. Au moins j'en avais pris conscience, c'était déjà ça. Je me reposais un moment, regardant sur mon téléphone si un ordre de mission m'avait été donné. Toujours pas. Je soupirais avant de passer à la deuxième étape de mon entraînement.

Le corps à corps. Face à des sortes de mannequins amovibles, je frappais. Chacun de mes coups faisaient tourner le tronc principal qui m'envoyait alors des barres placées à des niveaux différents pour me permettre de m'entraîner à tout niveau. Parfois je me défendais avec l'avant-bras, d'autre fois je donnais des coups de pieds vers le bas, d'autres fois encore je frappais droit avec le poing. Je me tournais vers le meuble où l'on rangeait les armes, le regardant un moment, hésitant. Est-ce que j'essayais aujourd'hui ? Il le fallait. Je soupirais à nouveau avant de m'en approcher et d'en saisir un sabre. Je le brandissais face à moi, droit. Soudain, je me mettais à le bouger, à tenter de le faire danser. Mais loin d'une danse, le sabre bougeait dans tous les sens de façon ridicule. C'était ma malédiction. Les armes blanches. Pourtant, ce n'était pas si compliqué alors pourquoi est-ce que je n'y arrivais toujours pas ? Je tentais d'y aller plus doucement, mais rien à faire. Le sabre me tomba des mains et le manche écrasa mon pied. “ Putain ! ” Ouais j'étais entraîné, mais comme tout humain, ça me faisait mal quand on m'écrasait les orteils. Je ramassais le sabre pour aller le ranger, déçu et en colère à cause de la douleur.

Soudain, un bruit retentit. Une voix. Non. Plusieurs voix. Ça venait de mon portable. Bordel, qu'est-ce que c'était que ça ? Je m'avançais pour l'attraper et l'observer. Il ne semblait rien y avoir. Quelqu'un l'avait piraté ? Je ne voyais que ça. Je levais le bras en l'air, prêt à l'écraser contre le sol. Non. Ce n'était pas le Shield. Le message n'aurait pas été de ce genre. De plus, ils auraient préféré rester silencieux pour repérer ma position. Alors qui ? Si je voulais le savoir, il n'y avait pas trente milles solutions. J'observais le portable à nouveau, le tendant devant mon visage. “ Je ne sais pas qui vous êtes... ” Peut-être une farce, mais si c'était le cas, il ou elle était tombé(e) sur la mauvaise personne. “ Mais je promets que si je vous retrouve, vous allez passer un sale quart d'heures. ” La torture, ça me connaissait maintenant. Peu importe qui c'était, je trouverais bien un moyen de le repérer. Je fouillais dans mon portable pour tenter de trouver qu'est-ce qui était ouvert, tenter de trouver une piste. Mais je ne trouvais rien. Ça devenait de plus en plus étrange. Et s'il fallait que j'entre dans son jeu pour en savoir plus ? Je n'avais pas d'autre choix. “ Je suis réel et capable de tenir une conversation alors, allez-y. Je vous écoute. ” J'espérais seulement ne pas le regretter.

Une faiblesse. Ce petit jeu ou je ne sais quoi venait de me révéler une faiblesse en plus. Et ça ne me plaisait pas du tout. La technologie était une faiblesse du moment qu'en face de moi, quelqu'un y était spécialisé. Si ce p'tit con était là, face à moi, il me suffirait de lui lancer un couteau droit dans le crâne ou bien un petit crochet pour l'étaler en deux temps trois mouvements. Mais non, il utilisait un moyen de lâche. Et quelque part, je ne pouvais pas perdre face à cet inconnu. Il n'était pas question de me laissé avoir par un mec qui ne sait même pas porter ses couilles et venir me parler en face. Il n'est pas là, tant pis. En analysant, en réfléchissant, je finirais par trouver. Nous ? Il parle d'un nous maintenant ? Ce qui supposerait qu'ils sont au moins deux à faire le coup. A moins que ce ne soit une ruse pour éloigner tout soupçon. C'est malin, mais ça ne marchera pas avec moi. J'ai de l'expérience dans ma bouteille mon p'tit. Ou ma p'tite d'ailleurs. Peu importe le sexe, je pense qu'il ne s'agit que d'une seule et unique personne. Une personne maline et douée avec la technologie. C'est un début. Cette personne avait besoin de me parler. Qu'il en soit ainsi. D'autres outils ? Je ne pouvais m'empêcher de regarder autour de moi, comme pour chercher par quels moyens est-ce qu'il ou elle pourrait me parler. Des traces sur le réseaux... Il s'agit de quelqu'un qui peut pénétrer le réseau alors, internet et tout ça ? Dans ce cas, par quels moyens est-ce qu'il pourrait me parler ? Tout ce que le réseau touche, c'était large. Mais peut-être que je me trompais, peut-être qu'il ne s'agissait que du réseau téléphonique. C'était même plus logique en fait. Via d'autres téléphones alors ? Quoiqu'il en soit, il n'était pas question d'utiliser d'autres moyens. Mon portable, c'était déjà trop. “ Je suis d'accord, restons sur ce téléphone et discutons puisque que c'est ce que vous voulez. ”

Je me sentais comme un rat en cage, comme si un géant me regardait me débattre en ce moment et ça me plaisait de moins en moins. Je détestais cette sensation. Et plus le temps passait, plus je ressentais de l'impuissance. Et plus c'était le cas, plus je commençais en fait à admirer cette personne. Certes, si je me retrouvais face à elle, mon poing irait briser sa belle dentition. Mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher d'admirer ce pouvoir qu'elle pouvait avoir sur autrui. Cette personne savait utiliser la technologie à son avantage, c'était tout à son honneur. Elle ferait un membre parfait au sein d'Hydra. En parlant d'Hydra, visiblement elle est au courant. Bien sûr, elle sait ce que cache mon portable. Mais si mes informations ne l'intéresse pas, qu'est-ce qu'elle veut exactement ? Je préfère me taire et la laisser parler, cette personne désire quelque chose, elle me le fera savoir un moment ou l'autre. Le 5 Mars 2013 ? Les infos sont précises, mais là tout de suite, je ne me souviens pas. Pourtant, ce n'est pas si loin. J'étais membre d'Hydra cette année-là. Il y a trois ans. Pourquoi est-ce que j'étais à Madrid, pourquoi un bar à tapas ? Le 5 Mars 2013... Je revoyais la devanture de ce bar, je me revoyais m'installer face à quelqu'un, une femme. Quel était son nom ? Je ne m'en rappelle plus, ni son visage, pas clairement en tout cas. Pourquoi j'étais allé là-bas ? “ En effet, ça me parle... ” J'avais rencontré une femme. Non, j'avais tenté de recruter une femme. Une mutante. Oui c'est ça, une mutante. Une mutante avec la capacité de...

Oh bordel ! Mes sourcils se relevaient alors que ma mémoire se faisait plus claire. Je ne me souvenais toujours pas de son nom, mais je me rappelais d'elle plus clairement. Une mutante capable d’interagir sur tout ce qui est nouvelle technologie. Une cyberpathie ? Quelque chose comme ça. Un don précieux, un pouvoir qui entre de bonnes mains pourraient servir. Ça aurait évité l'incident Romanoff d'il y a quelques temps. Cette fille jouait avec ce qui nous entourait avec une grande facilité. C'était elle. Il n'y avait plus de doute. La coïncidence était trop importante pour être mise de côté. Mais qu'est-ce qu'elle me voulait ? Elle avait refusé, soit. Pourquoi revenir vers moi maintenant ? Je gardais une expression fermée, au cas où elle puisse me voir à travers je ne sais quoi. “ Vos informations sont vraies, je me trouvais effectivement à cet endroit à cette date-là. ” Mais maintenant, j'avais le dessus sur elle. Maintenant, je savais à qui j'avais à faire, les rôles allaient pouvoir s'échanger. “ Puis-je savoir en quoi ces informations pourront vous être utiles ? ” Je rapprochais mon visage du portable, un sourire sur les lèvres. “ Et pas besoin d'utiliser ces voix différées pour me parler. Je connais ta voix miss, j'en ai encore le souvenir. ” Un peu de pression ne pouvait pas faire de mal. Maintenant, elle savait que j'avais compris qui me parlait. Elle savait qu'elle n'avait plus l'avantage.

Même si je sais de qui il s'agit, même si je ne me souviens plus de son nom, j'avoue ne toujours pas comprendre ce qu'elle me veut. Elle aussi était là. Dans ce bar à tapas. Elle était même le cœur de ce rendez-vous. Cela dit, tout s'était passé plutôt bien. Je ne me suis pas montré violent, je ne l'ai pas forcé à rejoindre Hydra. C'était simplement une proposition, je ne force pas les gens. Elle n'a pas voulu. Soit. Tant pis pour nous, je lui avais laissé le moyen de me contacter si jamais elle changeait d'avis, je lui avais laissé une seconde chance afin d'aider à rendre le monde meilleur. Le fait est que tout s'était bien passé, elle n'avait pas de raison de m'en vouloir. Elle n'avait pas de raison de s'en prendre à moi pourtant, j'avais l'impression de sentir une légère menace. C'est ce qui arrive quand on vous pirate votre portable et votre intimité je suppose. Putain de 21è siècle ! Tout serait tellement plus simple sans ces technologies qui nous fliquent partout et qui savent tout de nous, dans les moindres détails. Le silence se fait alors que je garde mon sourire fier, comme si je savais que je l'avais piégé. Comme si j'avais le dessus. Et les voix finissent par reprendre. Pas elle ? A d'autres ma p'tite, les coïncidences sont trop importantes et t'as un pouvoir qui n'est pas si commun par les temps qui courent, une mutation originale. Oh bien sûr ça aurait pu être un simple pirate informatique, mais comment connaître ce moment avec autant de précision ? Tu ne m'auras pas avec tes tentatives. Je t'ai percé à jour, j'ai l'avantage.

Kalliopê. Voilà son nom. Enfin, pas son vrai évidemment, mais au moins j'ai un surnom. Oui, on parle bien d'elle vous et moi. Enfin toi et moi. Seulement, ce je ne sais qui me fait douter. Des informations sur elle ? Soit c'est elle et elle se fout de ma gueule, soit c'est vraiment quelqu'un d'autre et... Pas question que je donne le moindre info. Cette fille, elle nous serait utile, je ne la laisserais pas filer entrer les mains de je ne sais qui. Non, ça ne peut pas être quelqu'un d'autre. Le hasard n'existe pas, on provoque le hasard. Les coïncidences n'en sont pas, elles cachent souvent quelque chose. Cette voix, cette personne au téléphone, ça ne peut être que Kalliopê. Mais si c'était quelqu'un d'autre ? Rah putain ! Et pourquoi la chercher d'abord ? C'est le Shield qui veut la récupérer ? Hors de question. Un mercenaire indépendant ? Pas d'accord. Quelqu'un qui veut la tuer ? Trouve une autre cible. Non, c'est elle, c'est Kalliopê, j'en mettrais ma main à couper. Mais la question, c'est pourquoi. Alors que j'entrouvre les lèvres, l'inconnu me prend de vitesse. Putain. Le prix ? Je hausse un sourcil. Là, ça commence à devenir intéressant. S'il est question d'argent, je peux revoir mes exigences à la baisse. Visiblement, cette personne connaît bien les humains. Elle sait comment appâter.

Je fixe mon portable, le fixant comme si je pouvais voir à travers, voir qui me parlait. J'avais perdu l'avantage à partir du moment où elle m'a foutu le doute. “ Le pourquoi je l'ai rencontré ne vous intéresse pas, en revanche le pourquoi vous voulez des informations sur elle m'intéresse. ” Même si je pensais ne pas avoir de réponse. Elle n'était pas stupide au point de révéler ses motivations, mais qui ne tente rien n'a rien. “ Vous comprendrez que si votre but et de la rallier à votre cause ou bien de la tuer, je ne serais pas en mesure de vous donner ces informations. ” Parce que j'avais besoin d'elle, nous avions besoin d'elle. J'inspirais profondément. Maintenant, il était temps de négocier et quelque chose me disait que la partie d'en face était aussi têtue que moi. “ Mais puisque vous êtes prêt à mettre le prix, nous pouvons nous arranger. Combien proposez-vous et comment puis-je être sûr que j'aurais cet argent ? Si vous n'êtes pas elle, je ne vous connais ni d'Adam, ni d'Eve. Vous comprendrez donc que je me dois de rester méfiant. ” Ça fait partie du métier de toute façon, encore plus depuis que j'ai rejoint Hydra. Hydra est toujours plus méfiant que le Shield, c'est ce qui finira sans doute par causer leur perte. C'est ce qui a déjà failli les perdre d'ailleurs, ils n'ont pas vu qu'ils étaient infiltrés de l'intérieur. Nous sommes des serpents qui s'infiltrent partout, tout comme cette personne derrière mon téléphone. Une recrue de choix pour le groupe. Plus le temps passait, plus je désirais l'avoir à nos côtés.

Cette... Personne, qui qu'elle soit, commence sérieusement à m'agacer. Si ce n'est pas la fille du bar, alors qui ? Mais ce n'est pas ça qui m'agace. Ce n'est pas le fait que cette personne n'ait pas assez de couilles pour se présenter à moi, en face à face, mais c'est plutôt parce que j'ai l'impression qu'elle se fout complètement de ma gueule. Dur à dire, pourtant, alors qu'elle utilise un système de communication particulier et déroutant. Mais dans ses mots, dans ses choix pour s'exprimer, je ressens comme de l'irone. Beaucoup d'ironie. Elle se fout de ma gueule, clairement et ça ne me plait pas, même si cette personne m'intéresse vraiment. Pas de cause ? Juste de la curiosité ? Faux. Sa cause, c'est la curiosité justement. Son but : assouvir cette dernière. Tout le monde est pareil, personne n'agit dans aucun but, aucune cause. Elle se croit juste supérieur à tout le monde visiblement. Et si curiosité il y a, alors c'est qu'il y a un intérêt dans cette curiosité. C'est que cette Kalliopê représente quelque chose d'intéressant. Ou possède quelque chose d'intéressant. Sa mutation par exemple ? Mais je dois faire sembler de rentrer dans son jeu, lui faire croire qu'elle détient toutes les commandes, ce serait sans doute plus facile pour moi. “ On va dire que je suis rassuré, oui. ”

Mensonge ? De sa part ? De la mienne ? Discussion de sourd ? Probabilité élevée. Oui, toute cette discussion n'était qu'une grosse blague, une blague dont je ne serais pas la victime. Je ne doutais pas de la véracité de tous ses propos évidemment, elle savait juste détourner habilement la vérité. C'était malin, mais ça ne marchait pas à tous les coups. Pas face à quelqu'un qui se méfie de tout et de tout le monde. Pas par la façon dont elle s'y prend. Qu'elle poursuive son chemin ? Et pourquoi faire ? Moi aussi j'en voulais des informations, mais elle savait faire en sorte de ne rien dire, de ne rien fournir. A ce compte, ça n'en finirait pas. Est-ce que je crois en sa parole ? “ Désolé, mais pour être honnête, je n'y crois pas du tout. Venez me voir en face, parlez moi avec une voix réelle et là, je pourrait accorder de la valeur à vos paroles. C'est comme ça que ça marche chez nous. Cette pratique là, elle n'attirera que de la méfiance. Conseil d'ami. ” Parce que même si elle m'agaçait, putain ce que je l'adorais. Faire équipe avec quelqu'un comme ça, ça serait le pied !

Toute chose à un prix et ça, elle l'a bien compris en revanche. Là, elle me parlait. Là, elle m'intéressait. Cette fille aux pouvoirs cybernétiques. C'était un choix de première qualité ouais, mais à choisir je préférais sa mort plutôt que de la voir rejoindre le camp ennemi. Alors finalement, sa mort ne m'importait peut-être pas tant. Sauf, bien sûr, si c'était la personne derrière le téléphone. Auquel cas, elle m'intéressait beaucoup plus. “ Un service, voilà ce que je veux. Pas dans l'immédiat bien sûr. Un service que vous me devrez. Un service que vous serez obligés de m'apporter au moment où je vous le demanderais. Un service que vous ne pourrez refuser. Je ne sais pas s'il y a un moyen de marquer ça au sang, d'avoir la certitude que ce service sera rendu, mais voilà ce que je veux. Un service. ” L'argent, ça ne valait rien ou du moins, pas pour moi. Aucune marchandise ne m'intéressait non plus. En revanche, un service, ça c'était précieux, surtout à n'importe quel moment. Un service de la part de quelqu'un d'aussi doué, ça pourrait me sauver la vie. Ça pourrait aussi changer celle d'Hydra. “ Alors dites-moi, comment je peux avoir la certitude que ce service me sera rendu ? Si vous acceptez, si je peux vous faire confiance, alors vous aurez toutes les informations que vous désirez sur cette personne. Tout de dont je me souviens sans exception. ” Un service d'elle valait plus que cette personne. Bien plus. “ Marché conclu ? ” Je ne dirais rien tant qu'elle ne m'aura pas assuré que ce service me sera rendu quand j'en aurais besoin. Je ne dirais rien sans être sûr de pouvoir l'y contraindre si jamais.